
Ces laboratoires qui se sont installés jusqu’à maintenant à Médenine, Tataouine, Kasserine, Sidi Bouzid et Béjà prennent la forme d’ateliers d’initiation à la culture cinématographique et à la photographie à l’issue desquels les éducateurs et les élèves produisent un court métrage.
La Presse —Le Forum tunisien pour les droits culturels (Ftdc) organise, depuis le 30 mai et jusqu’a demain 3 juin 2025, à Douz, la quatrième édition du CinéLAB, dédiée à la mémoire du regretté Yasser Jeradi.
Lancé en 2015 par le cinéaste Abdallah Chamekh, CinéLAB a pour objectifs fondateurs l’éducation à l’image en milieu scolaire à travers la transmission des savoirs techniques et artistiques et la création d’un espace de pensée critique. Ce dernier s’était alors engagé à créer 120 laboratoires de cinéma à travers la république en formant des éducateurs qui dirigeront eux-mêmes par la suite ces laboratoires qui se sont installés jusqu’à maintenant à Médenine, Tataouine, Kasserine, Sidi Bouzid et Béjà. Ils prennent la forme d’ateliers d’initiation à la culture cinématographique et à la photographie à l’issue desquels les éducateurs et les élèves produisent un court métrage.
«CinéLAB constitue un acte culturel conscient visant à reconquérir la souveraineté symbolique à travers la création de récits locaux, reflétant la réalité des communautés marginalisées, et offrant aux jeunes des outils d’expression, d’influence et de transformation. À travers ses ateliers et ses films, le Laboratoire du cinéma devient une plateforme de résistance créative, où le sens est réinventé depuis les marges, en opposition à l’hégémonie du discours culturel global qui exclut ou déforme souvent la voix de l’Autre», c’est ainsi que se présente le projet. L’ouverture de cette 4e édition a vu la projection du film «Sur les traces de lettres» de Mohamed Salah Argui au centre de camping et de formation de Douz. Il s’agit d’un long-métrage documentaire tourné à Douz où on célèbre la poésie populaire, composante essentielle du patrimoine immatériel et de la mémoire collective des habitants de Douz. Document historique et ethnographique, le film met en lumière la pratique de la poésie et la place qu’occupe le poète dans sa société. Parmi les poètes dont le réalisateur a exploré l’héritage, on cite Salem Ben Omrane, Ali Lassoued Merzougui et Al-Aïdi Belghith, avec comme fil conducteur le poète Ayoub Ali Lassoued Merzougui, qui raconte sa vie par et pour la poésie. La projection du film a été suivie d’un débat autour du thème : «Le patrimoine oral dans le cinéma documentaire». Une belle occasion pour souligner le rôle majeur du cinéma documentaire dans la préservation et la transmission du patrimoine.
Les ateliers qui se tiennent entre le centre de camping et de formation de Douz et le complexe culturel Ibn Al-Haythem à Kébili portent sur l’écriture et la réalisation (par Ridha Tlili et Abdallah Yahia), l’animation (Chaker Kalai), la photographie (Sami Kacem).
D’autres projections sont au programme de cette édition, celles des deux longs métrages documentaires «La couleur du phosphate» de Ridha Tlili (prix du meilleur long-métrage documentaire de la compétition nationale des JCC 2024) et «Matula» de Abdallah Yahia (Tanit de Bronze de l’édition 2024 des JCC).
Le premier raconte l’histoire d’Aïd, employé à la mine de phosphate de Redeyef, en Tunisie, et chauffeur d’un gros engin transportant la matière extraite. Il tente de fuir la marginalisation en s’adonnant au théâtre. Le film se veut une lueur d’espoir, une lumière éclairant les esprits et le quotidien dans une ville engloutie par la poussière. Le deuxième a été tourné à Hay Hlel et suit Rayan alias «Matula», un adolsecent de 15 ans séparé de ses parents qui ont émigré clandestinement en France. Sauvé de la criminalité par Mme Doha et sa grand-mère Samria, il se consacre au football et espère un jour rejoindre ses géniteurs.
Un ciné-concert, intitulé «Narjaalek dima» sera organisé ce juin en hommage à Yasser Jeradi qui, comme le note son ami Abdallah Chamekh, «a fait de son art un pont entre les cœurs, et de sa musique un cri pour la liberté et la dignité humaine».
La clôture de ce CinéLab à Douz verra la projection des films réalisés lors des ateliers.